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Catégorie Vincent Delerm
26 février 2007

le Spleen selon Jill

    Vincent Delerm, on l’aime parce qu’il fait un peu partie de nous. Sa « normalité », c’est sa force et la raison pour laquelle il nous touche tant. On se retrouve dans ses chansons, dans ses expressions, même dans son attitude. Vincent Delerm n’a pas réellement d’influence sur notre vie car il est notre vie. J’ai pensé intéressant d’ouvrir une catégorie dédiée aux admirateurs de Vincent, ceux que l’on appelle vulgairement les « fans », mais qui pourraient très bien être de ses amis.

  Jill  Julien fait partie de l’un d’eux. Ce garçon m’a beaucoup touchée par sa jolie voix mais aussi par l’humilité et la douceur avec lesquelles il interprète ses morceaux. Son nom d’artiste est Jill et il s’est reconnu dans une facette spécifique de Delerm, que l’on pourrait appeler la facette "mélancolique". Ce jeune monteur son / sound designer de 27 ans fait de la musique en autodidacte; il joue de la guitare et du piano dans sa chambre et entre deux compositions personnelles, en 2006, il s’est pris à reprendre certaines chansons de Vincent,  chansons qui, souvent, correspondent pour lui à un sentiment de « spleen ».

    "Spleen", c’est son concept que vous pouvez retrouver sur ce lien. Vous y entendrez certaines reprises telles que "Le Baiser Modiano",  "Ambroise Paré", "Slalom Géant", ainsi qu’une chanson de sa composition "Les plus belles histoires" que je vous conseille.

Crème : Pourquoi as-tu décidé de reprendre des chansons de Vincent Delerm ?

Jill : En fait, j’avais envie d'essayer, en parallèle de New Dark Land qui est un concept pas mal travaillé, d'aller vers la simplicité, le dépouillement, et le piano-voix. Même si j'enregistre le piano et la voix séparément, et même si parfois le piano est quantizé (programmé), je tiens à garder un esprit live, un peu brut. Sinon artistiquement j'adore ses chansons, dans leur construction, leur humour, leur arrangement. C'est aussi nouveau pour moi de chanter exclusivement en français, sur des chansons à texte.

Crème : Comment s’opère le choix des morceaux ?

Jill : Mon choix dans les chansons de Delerm est très simple, je prends celles que j'arrive à jouer ! J'adorerais reprendre "Deauville sans Trintignant" par exemple (rien que pour sampler le film Un Homme et Une Femme, filtrer la voix de Jean Louis Trintignant, et faire mon propre montage de son intervention) mais je n'y arrive pas...

Crème : J’ai remarqué que les chansons que tu reprends sont souvent des chansons lentes…

Jill : C'est pas forcément les chansons lentes, "Veruca Salt" est assez speed d'ailleurs. En parlant de vitesse, j'ai honteusement accéléré "Slalom Géant" ...  D’ailleurs, j’aime des chansons plus rapides comme "Le Monologue Shakespearien", "Fanny Ardant", "Il fait si beau"…

Crème : En quoi ces chansons sont importantes dans ta vie ?

Jill : Pour moi les chansons que je reprends sont à la fois très importantes et pas importantes du tout. C'est pas important dans le sens ou c'est amateur, anecdotique, superficiel et c'est "juste une chanson" et c'est important car j'y met personnellement du sens, ça raconte quand même quelque chose. Les deux états existent en même temps, c'est un peu comme de la physique quantique.    Pour donner des exemples précis, j'ai un peu halluciné quand j'ai écouté la chanson "Ambroise Paré" car elle décrivait strictement la situation dans laquelle je me trouvais en septembre 2006 : mon père a passé 2 semaines à Ambroise Paré et il est mort d'un cancer peu de te temps après. En plus Vincent donne la date du 5 septembre qui est celle de mon anniversaire, 1 chance sur 365 ! Bref pour moi, le fait de reprendre cette chanson, de la faire exister, cela me permet à côté de vider son appartement, de jeter ses affaires, de compenser en quelque sorte.

    Crème : Explique-nous ce concept de « spleen ». C’est quoi pour toi, le « spleen » ?

   Jill : Ma définition du spleen est celle de la mélancolie. C'est aussi bien sûr une référence à Baudelaire et ses fleurs du mal. L'idée est de transformer cette partie en moi, ce côté obscur, en quelque chose de positif, pas dans le sens joyeux, mais dans le sens : créer quelque chose à partir de la tristesse, de la nostalgie. En l'occurrence des chansons. C'est une question assez récurrente chez les artistes : comment créer? Est-ce qu'il faut forcement être malheureux ?

  Crème : Ta chanson « Les plus belles histoires » m’a interpellée parce qu’elle est très « delermienne » et j’ai aussi trouvé que ça rappellait le groupe Indochine !  

   Oui, j’ai beaucoup aimé Indochine et notamment l'album solo Dans la Lune de Nicola Sirkis. J’ai repris certains de leurs morceaux.  "Les plus belles histoires" me permettent d'avouer pas mal de choses qu'il serait difficile de dire ouvertement, réellement, sans passer par le détour de la chanson. Elle m’a été inspirée par mes expériences personnelles mais comme dit Vincent Delerm dans « Natation Synchronisée », tout le monde y retrouvera des bouts de sa propre vie. D’ailleurs, Vincent a dit une chose très importante pour moi : « C’est toujours quand on parle des situations qu’on croit les plus personnelles qu’on trouve un écho le plus grand chez les gens. »

    Merci à Jill pour cette petite interview. Vous pouvez trouvez certaines de ses chansons composées en 2003 sur ce lien mais je crois que je préfère quand il écrit ses textes lui-même.

   

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Commentaires
B
J'ai écouté pas mal de chansons de Jill après avoir lu cette inteview et il y en a de très jolies. Bravo et continue !
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