Dans un vieux pub anglais...
THE DE CHINE OU DE CEYLAN
Merci, Vincent, merci Vincent pour cette reprise de Philippe Chatel chantée lors d’un rappel, aux alentours de 2004. Merci de m’avoir fait découvrir ce morceau que je ne connaissais pas et dont je n’ai jamais entendue l’originale. Chacun sait qu’il est tellement difficile de trouvez des albums CD de Chatel, ce chanteur si méritant, si talentueux, si bourré d’émotions et qui pourtant n’est aujourd’hui pratiquement connu que pour son petit chef-d’œuvre d’Emilie Jolie !
Cette chanson lente n’a pas de refrain, elle n’en est que plus troublante. Troublante aussi par son mystère. Un homme boit du thé à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Qui est-il ? Un soldat ? Que fait-il à Londres pendant que ses compatriotes sont au front ? Qui est cette personne qui doit arriver par un « bateau de patrouille » ? Une femme ? Française ? Peu importe finalement puisque tout que qui compte pour l’auteur, c’est ce sentiment douloureux d’un amour déçu, bien plus fort que la souffrance d’une guerre ou que la liesse populaire à la libération d’un pays. « Et je marchais la nuit au milieu de leur joie, La guerre était finie, ça n’m’intéressait pas. »
Etait-ce du thé de Chine ou du thé de Ceylan,
Que je buvais alors en t’attendant ?
Dans ce vieux pub anglais bien au nord de Mayfair,
Je ne m’en souviens plus, je ne m’en souviens guère
La radio annonçait la dernière offensive
Et j’attendais en vain au bord de la Tamise
Ce bateau de patrouille qui n’arrivait pas,
Je ne t’ai pas revue et l’on ne savait pas.
Les Anglais racontaient que la trêve était proche,
Ils avaient de l’espoir jusqu’au fond de leurs poches
Tandis que je tissais la toile de l’ennui
Dans un imperméable aux couleurs de la pluie.
Tu n’es jamais venue, je me souviens très bien
D’avoir jeté mes clefs dans l’herbe d’un jardin
Et je marchais la nuit au milieu de leur joie
La guerre était finie, ça n’m’intéressait pas
Je fus rapatrié par un avion Air Force
Avec des Parisiens, des Normands et des Corses
Qui brandissaient, vainqueurs, le drapeau de la paix
Et j’étais seul au monde, personne ne savait.
J’ai retrouvé mon père, ma mère et ma maison
Les tickets et les cartes d’alimentation
Et l’on faisait la queue pour la viande et le pain
Mais je ne mangeais pas, mais je n’avais pas faim.
Est-ce du thé de Chine ou du thé de Ceylan
Que je bois chaque jour quand je pense à ce temps
J’y réserve toujours un coin de mes journées
Et les gens qui me voient disent que j’aime…
…le thé.